Le Sud-Lipez et le Salar d’Uyuni, en selle sur le sel !

Lorsque nous apercevons le poste de frontière menant à la Bolivie, nous ne pouvons nous empêcher de repenser à notre dernier passage de douane, qui fut un véritable calvaire. Au vu des formalités administratives nécessaires à l’entrée sur le territoire bolivien, nous nous attendons de nouveau au pire. Mais à notre grande surprise, nous changeons de pays presque sans accrocs : mis à part une petite frayeur pour Antoine, introuvable sur les listes d’immigration argentines, nous passons les différents postes de contrôle sanitaires et migratoires en un rien de temps. Cela nous laisse donc l’occasion de s’adonner à notre routine propre à chaque entrée dans un nouveau pays : trouver une banque proposant des distributeurs acceptant notre carte à moindres frais, puis mettre la main sur une carte SIM nous permettant d’avoir accès à internet lors de notre séjour. Si ces étapes peuvent paraître évidentes dans un contexte occidental, cela constitue un réel défi en terres sud-américaines, la faute aux files d’attentes monstrueuses aux distributeurs, aux risques d’obtenir une fausse carte SIM ainsi qu’aux difficultés à les activer en tant qu’étranger. Une fois nos missions accomplies, nous nous octroyons une bonne nuit de repos dans un hôtel étonnamment bon marché en comparaison avec les prix proposés de l’autre côté de la frontière.

Le lendemain, nous partons de bonne heure à la découverte des routes boliviennes avec comme objectif de rejoindre Tupiza, porte d’entrée de la fameuse route des Lagunes. Si les paysages ne sont pas (encore) à couper le souffle, nous constatons avec joie la bonne conduite des Boliviens que nous rencontrons sur notre route. Ceux-ci sont très respectueux et patients au moment de nous dépasser et nous nous sentons alors en sécurité sur nos vélos. Arrivés à Tupiza, nous rejoignons Caren, qui sera notre hôte et guide lors de notre séjour. Avec elle, nous visitons les différents marchés de la ville et profitons de ses bons conseils pour déguster toutes sortes de plats traditionnels boliviens. Avec une locale comme Caren, aucune chance de se faire arnaquer et nous accédons aux lieux typiques où seuls très peu de touristes se rendent, quelle chance !

Nous décidons alors de l’emmener avec nous pour notre tour des agences de tourisme, en espérant qu’elle saura nous négocier les prix les plus bas. En effet, Tupiza regorge d’agences de tourisme proposant des excursions en 4×4 dans la région sauvage et reculée du Sud-Lipez, empruntant la route des Lagunes et se terminant par la traversée du Salar d’Uyuni. Si la majorité des touristes obtiennent déjà leur dose d’aventure en restant dans le véhicule lancé à vive allure sur des routes d’altitude isolées et en piteux état, à sillonner entre lagunes, volcans et Salars, cela ne suffit pas aux Riders : c’est à vélo qu’ils souhaitent découvrir cette région ! Mais pour cela, il leur est nécessaire de trouver un véhicule acceptant de transporter leurs vélos et sacoches jusqu’au point de départ de la fameuse route des Lagunes. Les négociations avec les différentes agences sont dures, les chauffeurs ne sont jamais emballés à l’idée de devoir atteler deux vélos sur le toit de leurs véhicules, d’autant plus que ceux-ci sont déjà bien chargés en provisions et matériel divers afin de survivre plusieurs jours en autonomie. Finalement, nous obtenons l’accord d’une agence pour un départ dans deux jours, ce qui nous laisse le temps de se préparer à cette expédition qui s’annonce épique. En effet, si les premiers jours de l’aventure se feront à l’intérieur du véhicule avec guide et cuisinier à disposition, la suite sera d’un tout autre registre. Notre plan est de se faire déposer au beau milieu du Sud-Lipez, au départ de la route des Lagunes, et de rejoindre puis traverser le Salar d’Uyuni, le tout en environ une semaine d’autonomie complète dans un environnement exigeant dû à la haute altitude de la région et de la qualité médiocre des routes. Nous profitons de nos ultimes journées à Tupiza afin de faire nos provisions de nourriture pour l’expédition, à savoir couscous, sauce tomate, avoine et fruits secs, puis nous profitons une dernière fois du vaste choix de fruits et légumes frais du marché afin de faire le plein de vitamines. La prochaine fois que nous reverrons un fruit frais, ce sera dans bien longtemps !

Le jour du départ arrive, et nous nous présentons à l’agence avec nos vélos et leurs sacoches bien remplies. Après avoir arrimé tout notre matériel sur le toit du véhicule, nous nous mettons en route, prêts à en découdre avec le Sud-Lipez. Hélas, nous sommes très vite rattrapés par un souci mécanique, non pas de nos vélos, mais cette fois-ci de notre voiture ! L’embrayage ne fonctionne plus, alors un passage chez le mécanicien s’impose et nous en profitons pour faire connaissance avec les autres touristes présents dans notre excursion. Après plusieurs heures de réparations, nous pouvons remonter à bord de notre 4×4 et partons à l’assaut des lagunes.

A peine sortis de la ville que les routes deviennent tout de suite très escarpées et accidentées, passant par des cols à plus de 5000 mètres et traversant des plaines venteuses et désertiques. Bien assis à l’arrière du véhicule, nous sommes satisfaits d’avoir opté pour cette option plutôt que de parcourir ces exigeantes routes à vélo. Satisfaits, vraiment ? Quelques instants après s’être félicités de ce choix, notre chauffeur s’arrête et affiche sa mine des mauvais jours. Il nous annonce que les réparations de l’embrayage n’ont pas suffi, et que celui-ci est de nouveau hors service. Nous voilà alors coincés au milieu du désert avec un véhicule défectueux ! Nous tentons alors quelques réparations sommaires sans grand succès, et sommes donc contraints à poursuivre notre route sans embrayage. Heureusement, notre sympathique chauffeur connaît bien son véhicule et parvient tout de même à changer les vitesses, mais la conduite s’avère particulièrement éprouvante pour lui. A l’arrière, nous sommes également peu sereins et sommes donc bien contents d’apercevoir notre hôtel dans un petit hameau isolé, mettant fin à cette journée pas des plus reposantes. 

Lors du repas du soir, on nous annonce qu’un véhicule de remplacement sera acheminé dans la nuit afin de pouvoir poursuivre notre expédition dès le lendemain. C’est donc plus sereinement que nous abordons cette deuxième journée, où les lagunes aux différents tailles et couleurs défilent sous nos yeux, accompagnées par la présence de flamants roses et vigognes typiques de ces régions altiplaniques. Les paysages sont vraiment magnifiques, les heures et les kilomètres défilent vite et nous arrivons en fin de journée pour le clou du spectacle : le coucher de soleil sur la Lagune Verde, au pied du Licancabur ! Les couleurs sont superbes et il y règne une ambiance particulièrement spéciale, entre la lumière du crépuscule et les imposants volcans environnants. C’est à cet instant que notre guide s’aventure à quelques explications sur le fameux cratère du Licancabur, et de fil en aiguille il se retrouve à nous raconter d’un ton très sérieux la découverte de la Vie sur Mars… Bon, pour le coup, même si cela fait plusieurs jours que l’on est coupé du monde extérieur, il nous est difficile d’avaler une telle information ! Cette magnifique journée se conclut par un bain nocturne dans les Thermes de Polques à contempler la Voie Lactée dans une eau à près de 40°C, alors que la température extérieure chute drastiquement jusqu’à atteindre les -10°C au petit matin !

Ça tombe bien, c’est justement aujourd’hui qu’Antoine et Maxime ont prévu de quitter leur 4×4 et de se remettre en selle. L’idée de passer la prochaine nuit sous tente n’a rien de rassurant pour eux, qui n’arrivent pas à détourner leur regard du thermomètre affichant -10°C.

On va mourir d’hypothermie ! Annonce Maxime.

Antoine acquiesce désespérément d’un hochement de tête.

On peut aussi rester au chaud et à l’abri du vent dans le 4×4 avec les autres, on s’amuse bien finalement. Surenchérit Maxime.

Mais au fond d’eux-mêmes, les deux Riders savent très bien que c’est à vélo qu’ils profiteront le mieux de cette région, et que c’est là le seul moyen d’assouvir leur soif d’aventure. Après une dernière matinée de 4×4 passée à visiter les Geysers de Sol de Mañana, le fameux Arbol de Piedras ainsi que la Laguna Colorada, c’est le moment de se faire larguer au beau milieu du désert.

Nous déchargeons alors nos vélos, sacoches et poches à eaux remplies à ras bord et nous nous séparons de nos agréables véhicules et compagnons d’expédition.

Je crois qu’on vient de faire une bêtise… S’exclame Antoine en regardant la voiture s’éloigner et réalisant qu’à présent, nous sommes bel et bien seuls face aux éléments.

Oh oui ! Répond Maxime, qui ne peut s’empêcher de repenser aux démons de la Ruta 40 en prenant conscience de la quantité de sable et vent présents dans cette région.

L’aventure, c’est parfois également savoir se pousser dans l’inconfort, et cette route des Lagunes est un terrain de jeu idéal afin de se tester et de vivre une aventure hors du commun. Qui plus est, nous avons de l’eau et de la nourriture en suffisance, des vêtements performants pouvant nous maintenir au chaud dans les conditions les plus extrêmes et une motivation débordante d’aller découvrir à vélo, comme seulement très peu de gens d’inconscients le font. Nous prenons notre courage à deux mains et montons sur nos selles, ou plutôt, nous poussons dans le sable… Les premiers kilomètres sont éprouvants, nous n’avançons pas vite mais la beauté des paysages, la sensation de liberté et d’être seul au monde prend le dessus sur la dureté de l’effort.

Puis, la qualité de la route s’améliore, le sable laisse place à un revêtement certes bien caillouteux mais mieux adapté à la pratique du vélo. Nous nous mettons en selle et profitons du spectacle magique qui défile sous nos yeux : Alors que la route plonge sur une première lagune, nous nous arrêtons pour prendre quelques photos. A peine le temps de reprendre la route qu’une deuxième lagune surgit de derrière un virage, puis une troisième qui sort de nulle part… Chaque lagune est différente, de par la couleur de son eau, la présence ou non de flamants roses et la forme des hauts sommets qui l’entourent.

L’enchaînement des lagunes est uniquement brisé par la tombée de la nuit, et la nécessité de trouver refuge avant que les températures ne deviennent trop froides. Cela tombe bien, à l’approche de la quatrième lagune nous tombons sur un hôtel de luxe, qui est d’ailleurs le seul signe de civilisation à plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde. Nous nous empressons de demander naïvement au propriétaire le prix d’une chambre, mais sa réponse confirme ce que nous craignions : les tarifs sont exorbitants ! Heureusement, connaissant les températures nocturnes extrêmes de cette région, il nous propose spontanément une annexe de son hôtel où nous pouvons y poser nos matelas afin de profiter d’un toit et de quatre murs pour la nuit, et de ce fait gagner de précieux degrés par rapport à une nuit sous tente. Ravis de cette proposition, nous rejoignons notre abri et profitons de sa superbe vue sur la lagune avoisinante et ses centaines de flamants roses. A peine le temps de profiter du coucher de soleil et d’avaler notre traditionnel couscous-sauce tomate que nous sommes déjà bien emmitouflés dans nos sacs de couchage, car malgré notre abri, le manque d’isolation et de chauffage se fait sentir !

Le lendemain, nous reprenons la route et contemplons nos dernières lagunes avant de mettre le cap en direction de l’entrée sud du Salar d’Uyuni. Quelques jours de vélo nous séparent encore de ce fameux désert de sel, et nos journées seront marquées par un fort vent de face permanent ainsi que des passages sur tous types de revêtements, rendant notre avancée plutôt irrégulière.

Les soirées, nous recherchons constamment un abri de fortune permettant de se réfugier du vent, afin de cuisiner et dormir dans les meilleures conditions possibles. Néanmoins, dans des régions aussi inhabitées que le Sud-Lipez, il n’est pas toujours aisé de trouver un refuge adapté, et nos recherches nous ont mené dans des lieux plutôt atypiques comme une salle d’archives de bureau d’immigration ou encore un hôtel de sel, où tous les meubles et structures sont entièrement constitués de sel issu du Salar d’Uyuni ! Bien qu’originaux, ces hôtels de sel sont aussi malheureusement des bons attrape-touristes où les propriétaires ne se gênent pas d’appliquer des prix nettement disproportionnés…

C’est d’ailleurs depuis un hôtel de sel surplombant le Salar que nous nous rendons compte pour la première fois de l’immensité du phénomène. Du blanc à perte de vue, et par endroits des zones bleutées témoignant de la présence d’eau sur la plaine saline.

Tu crois qu’on va devoir traverser l’eau ? Questionne Maxime un brin excité par cette idée.

Ce serait trop cool ! Répond Antoine tout sourire.

On verra bien demain ! Ayant vu des images de cyclos sur le Salar rempli d’eau, j’en avais fait un rêve, mais je ne pensais pas qu’on y serait à la bonne saison ! Renchérit Maxime.

En effet, sous l’effet des fortes pluies durant l’hiver bolivien, le Salar se remplit d’eau sur une épaisseur de plusieurs dizaines de centimètres. Puis, l’eau s’évapore sous l’effet du soleil laissant place au désert de sel tel que l’on se le représente le plus souvent. Cette année, en raison de précipitations intenses et tardives, le Salar contient toujours de l’eau, et ce alors même que nous sommes fin-avril, période à laquelle le Salar est normalement déjà asséché.

Le lendemain arrive enfin, et il est l’heure de se jeter dans le grand bain ! Le ciel est dégagé, et nous sommes bien armés de crème solaire et de lunettes de soleil afin de se protéger de l’intensité du rayonnement solaire présent sur le Salar. Malgré le soleil, l’air est encore bien frais au petit matin au moment d’enfourcher nos vélos, nous nous trouvons tout de même à plus de 3500 mètres d’altitude ! Nous parcourons rapidement les quelques kilomètres nous séparant de l’entrée du désert et nous élançons donc sur la « jetée » nous menant dans le vif du sujet. En à peine quelques coups de pédale, nous nous retrouvons déjà face à une vingtaine de centimètres d’eau ! Cela donne une ambiance irréelle, les quelques nuages se reflétant sur le plan d’eau faisant office de miroir parfait. Au loin, impossible de discerner une quelconque ligne d’horizon : le bleu du ciel se reflétant dans l’eau, le sol se confond avec l’air.

Nous avançons tranquillement en contemplant avec émerveillement ce spectacle hors du commun, avec comme seul bruit de fond les éclaboussures d’eau mises en mouvement par le passage de nos roues partiellement immergées. Aucune présence humaine, animale ou végétale à l’horizon, nous avons l’impression d’être seuls au monde. Nous poursuivons notre avancée dans ce décor venu d’ailleurs et après bientôt une heure, l’excitation diminue peu à peu et les premiers effets indésirables se font ressentir. En particulier, c’est au niveau des membres inférieurs que l’inconfort est le plus grand. Nous avons en effet opté de rouler en sandales afin d’éviter d’avoir nos chaussures gorgées d’eau salée après notre traversée de la partie immergée du Salar. Mais au vu de la fraîcheur de l’air à cette altitude, la température de l’eau ne doit pas dépasser les quelques degrés. Au contact avec nos pieds, la sensation de froid se fait vite ressentir et les orteils de Maxime ne tardent pas à geler, devenant presque aussi blancs que le sol du Salar ! Pour ne rien arranger à cette situation peu agréable, il est tout bonnement impossible de faire la moindre pause « au sec » afin de laisser le soleil réchauffer ses membres : Imaginez-vous en train de pédaler dans une étendue d’eau à perte de vue, et réfléchissez à un moyen de faire une pause sans mettre pied à terre (ou a eau, en l’occurrence) … c’est tout simplement impossible ! Dans de telles circonstance, l’unique option est de continuer d’avancer en maintenant le bon cap, en espérant regagner la zone sèche du Salar au plus vite. Mais au beau milieu de ce lac salé, impossible d’en distinguer sa sortie en raison des effets de réflexion du soleil sur l’eau ! Il faut donc serrer les dents et espérer que la terre ferme veuille bien apparaître rapidement. Après plus d’une heure et demie, la fin de la zone immergée se fait voir au loin, et pour le plus grand bonheur de nos orteils, nous pouvons de nouveau pédaler au sec.

Notre but étant de rejoindre « l’île » Phia-Phia, nous naviguons à vue avec comme seul cap une montagne au loin qui nous sert de ligne de mire. En effet, aucune trace au sol ne nous permet de suivre une direction précise et dans cet environnement si particulier, il est presque impossible de se repérer. Nous jonglons donc entre nos différentes applications de navigation et de géolocalisation tout en continuant notre avancée en direction de cette fameuse montagne. Hélas, sur le Salar, les kilomètres défilent bien lentement. Au milieu de ce désert, le temps semble passer étonnamment lentement, car les paysages ne changent jamais, l’horizon reste immuable, l’avancée se fait sans jamais tourner ni monter ou descendre. Face à ce manque de repères et de variations de paysages, les minutes semblent durer des heures et nous avons l’impression de passer une éternité à parcourir un simple kilomètre. De plus, nous réalisons également que le Salar est bien moins lisse que ce à quoi nous nous attendions. Les dalles de sel ne semblent encore pas bien formées, et c’est sur une surface qui ferait passer n’importe quel ripio pour un billard que nous avançons difficilement.

J’ai l’impression que tous mes organes font des maracas à l’intérieur de mon corps ! S’exclame même Maxime.

Afin de s’offrir un peu de répit, nous nous installons sur l’étendue de sel afin d’y faire notre pause diner. Cette fois-ci, la recherche d’un spot sympa pour la pause-déj’ n’a pas raison d’être, face à cette monotonie nous pouvons nous arrêter à n’importe quel endroit sans avoir peur de trouver mieux ailleurs !

Après un réconfortant repas assaisonné au sel du Salar, nous nous remettons en selle pour cette deuxième partie de journée qui s’annonce particulièrement bosselée. Si nos corps couverts de sel sont mis à rude épreuve, c’est également le cas de nos vélos. Les incessantes secousses et vibrations ont raison de nombreuses vis de nos porte-bagages, que nous semons au fur et à mesure que nous avançons ! Au moins, si nous devrions être amenés à faire demi-tour, il ne sera pas difficile de trouver notre chemin… Néanmoins, nous poursuivons notre avancée et en maintenant notre cap, nous voyons petit-à-petit l’île Phia-Phia s’approcher, synonyme de repos pour nos organismes et nos montures. Une fois arrivés, nous y installons notre tente et profitons d’une superbe vue sur le coucher de soleil depuis la Cueva del Diablo, une grotte située dans les hauteurs de cette l’île. A ce moment-là, nous nous accordons à dire que malgré les inconforts subits aujourd’hui, cela en valait clairement la chandelle au vu des extraordinaires paysages rencontrés tout au long de la journée. Et encore, nous n’avions à cet instant pas encore gouté à la magie de l’endroit pendant la nuit, où la Voie Lactée s’affiche avec une intensité folle ! Mais une fois de plus, afin de profiter de ce spectacle, il faut à nouveau donner de sa personne : il faut en effet faire face aux températures nettement négatives des nuits du Sud-Lipez… Bonnet, gants et doudoune sont donc de vigueur !

On vous emmène pour une nuit sur le salar d’Uyuni…

Le lendemain, nous profitons de n’avoir qu’une petite étape au programme afin de marmotter sous notre tente et de laisser le temps au soleil de réchauffer l’atmosphère du Salar, et surtout de dégeler notre eau afin de préparer notre petit-déjeuner. Nous nous mettons ensuite en route, et comme notre destination, l’île Incahuasi, ne se trouve qu’à une quinzaine de kilomètres, nous décidons de rouler tout tranquillement sur ce champ de patates afin de limiter les chocs. Nous profitons également de se donner au traditionnel shooting photo, étape obligatoire de tout cyclo traversant le Salar.

Puis, nous rejoignons l’île centrale et sympathisons avec l’un de ses gardiens, qui nous offre un abri pour la nuit. Dans de telles conditions, un toit et quatre murs offrent quelques degrés de plus pendant la nuit, et surtout une protection au vent non négligeable, augmentant drastiquement notre confort global ! Une fois installés, nous partons à l’assaut des petits chemins pédestres parcourant les divers recoins de cette île, peuplée par ses fameux cactus géants. Le spectacle est magnifique, le Salar s’étend à perte de vue dans n’importe quelle direction, et l’on peut alors prendre pleine mesure de l’immensité de l’endroit. À l’approche du coucher de soleil, nous nous postons au point culminant de l’île afin de profiter du fabuleux spectacle de couleurs une dernière fois, avant de quitter le Salar le lendemain.

Une fois le soleil couché, nous en profitons pour faire de même, les températures chutant drastiquement. Mais n’étant pas encore tout-à-fait rassasiés des panoramas exceptionnels de la région, nous mettons un réveil à peine quelques heures plus tard afin de parcourir les environs de nuit, munis de notre trépied et objectif grand angle, bien décidés à braver le froid dans le but de capturer des clichés de Voie Lactée. Les conditions sont idéales, la Lune est absente et le ciel parfaitement dégagé. Les résultats sont tout simplement impressionnants, on ne pouvait rêver mieux !

C’est encore avec des étoiles plein les yeux que nous entamons notre dernière journée sur ce désert de sel. Un peu de crème solaire, nos lunettes à soleil enfilées, nos vis resserrées et nous voilà en route avec comme cap la sortie Est du Salar, à environ 80 km de là. A nouveau, l’avancée est difficile en raison des nombreuses aspérités du terrain et de la difficulté à déterminer un cap précis. Petit à petit, les quelques traces éparses de 4×4 convergent vers une seule et même piste bien tassée, rendant notre avance bien plus aisée. Nous passons alors d’un 10 km/h de moyenne à un 20 km/h sans forcer, et pouvons alors pleinement profiter une dernière fois du spectacle offert pas ces tonnes de sel blanc immaculé à perte de vue. La sortie du Salar approche à grande vitesse mais afin de conclure l’aventure en beauté et de faire durer le plaisir sur ce désert, Antoine se voit être victime d’une crevaison à seulement 5 km du bord du lac asséché. Oui, une crevaison sur le Salar peut sembler plutôt improbable, car hormis du sel et quelques vis égarées par les Riders, aucun objet tranchant ne devrait s’y trouver…

Nous rejoignons tant bien que mal la sortie du Salar d’Uyuni et nous dirigeons vers un hôtel afin d’y passer une bonne nuit de sommeil, mais surtout de s’offrir une bonne douche pour nous et nos vélos remplis de sel ! Le lendemain, nous rejoignons la ville d’Uyuni en empruntant une route asphaltée, nous procurant une sensation de confort oubliée depuis bien longtemps ! De là, un bus nous mènera jusqu’à La Paz où nous retrouverons la civilisation, des fruits et légumes frais, et on l’espère un lot de nouvelles anecdotes à partager !

2 commentaires sur « Le Sud-Lipez et le Salar d’Uyuni, en selle sur le sel ! »

  1. Que de belles aventures vous nous faites rêver, des photos à nous couper le souffle tellement cette voie lactée est belle…Les lagunes et le sarla…
    Merci pour tous cela
    Bonne continuation à vous deux

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  2. Plus le temps passe, plus l écriture s’affine, plus le lecteur, dégustant son mate, avec vue sur le lac Leman, se plonge dans un récit palpitant.
    Merci les amis, de nous permettre de vivre par procuration, vos aventures, parce que c est vraiment une aventure…pas de la gniongniote!
    Actuellement, Antoine, tu dois être de retour !
    Si oui, fais moi signe, que nous puissions échanger et nous retrouver avec un plaisir immense !
    Bravo les gars, je suis fier de vous!
    Plein d amitiés.
    Olivier

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