Des vélos en bambou ? Mais pour quoi faire ?

Pour un voyage comme le nôtre, le choix du vélo est un élément fondamental. En deux mots, notre quotidien pourra se résumer par une tente pour la nuit, et un vélo pour le jour; notre monture fera également office de support pour notre équipement nomade. C’est donc une grande partie de notre temps que nous passerons les mains sur le guidon et le derrière calé sur la selle, à parcourir les 12’000 km qui séparent Carthagène d’Ushuaia. Pour de telles aventures, deux types de vélos se partagent les faveurs des cyclotouristes: ceux dont le cadre est fait en acier (garantissant un bon confort, une grande fiabilité et présentant l’avantage de pouvoir être réparé facilement le cas échéant), et ceux dont le cadre est fabriqué en aluminium (qui allie confort et légèreté, mais qui demande des soudures plus complexes s’il devait être réparé). Cependant, aucune de ces deux options, trop classiques, ne nous ont complètement séduits. Et finalement, c’est presque par hasard que l’idée originale du cadre en bambou est née: pourquoi ne pas rouler sur un vélo avec un cadre en bois, plus chaleureux et moins « terne » que celui des traditionnels vélos métalliques ? Antoine, émerveillé, s’est même exclamé au moment de la réception de sa monture: “Ce vélo, il est vivant. Il a une âme !” En effet, c’est en cela que notre vélo Cyclik se démarque tant de la concurrence: nos vélos sont faits à la main, sur mesure et avec un matériau vivant. Lorsque l’on tient ce vélo on sent le fruit d’un travail artisanal, le savoir-faire maîtrisé de son concepteur, et les heures de ponçage qui l’ont façonné. Notre vélo Cyclik, c’est bien plus qu’un simple vélo; nous pouvons compter sur un allié fidèle pour nous accompagner tout au long de notre aventure, des côtes de la Mer des Caraïbes jusqu’au Cap Horn, en passant par les hauts cols des Andes.  

Première visite

Début d’année 2021 : visite à l’atelier de Cyclik à Lyon pour finaliser notre commande. Alors que nous venons de traverser la frontière et que nous sortons du premier péage autoroutier, nous nous faisons arrêter par la brigade française des douanes, bien décidée à contrôler tous les véhicules qui roulent en direction du centre de la France. Alors qu’un douanier armé jusqu’aux dents nous surveille, sa collègue s’approche de nous et ordonne d’ouvrir la fenêtre:

  • Bonjour, contrôle de douane. Où allez-vous ?
  • À Lyon, répond naturellement Maëlick.
  • Que comptez-vous faire sur place ?
  • Voir des vélos.

La douanière a l’air déstabilisée par la réponse. Quatre jeunes hommes, à bord d’une Renault Mégane de 1995, qui se rendent à Lyon avec comme but voir des vélos… ça semble louche, tout ça. 

  • Que comptez-vous faire de ces vélos?
  • Et bien, les acheter, répond un Rider.

La douanière, toujours pas convaincue, demande comment nous ferons entrer quatre vélos dans notre petit véhicule. Antoine s’empresse alors de préciser:

  • En fait, ces vélos, on ne les ramène pas tout de suite. D’abord, on va faire prendre nos mesures car ce sont des vélos en bambou faits main, voyez-vous.

La pauvre douanière doit se demander si on essaye de se payer sa tête. Finalement, elle se dit qu’une telle histoire ne peut pas être montée de toutes pièces et nous laisse partir après quelques minutes. Le reste du voyage se déroule sans encombre et nous arrivons enfin chez Cyclik.

Félix nous présente les matériaux utilisés pour la confection de leurs cadres en bambou

Sur place, nous sommes accueillis par Félix, le créateur de Cyclik. Il nous présente la marque, ses produits et le savoir-faire de son atelier. Tout y passe, de la qualité des bambous à leur esthétisme; rien n’est laissé au hasard. Il explique également les qualités du mélange résine-lin qui forme les jointures entre les différentes tiges de bambou et lie les périphériques au cadre. Ces jointures sont propres à chaque vélo. Elles découlent d’un minutieux processus de ponçage manuel demandant de longues heures de dur labeur. Victor, un des membres de l’équipe Cyclik, nous avouera même que lors de cette étape de fabrication, il n’est pas rare qu’il se prenne à rêver des paysages que les futurs propriétaires de ces vélos auront la chance d’admirer. On ressent là toute la passion avec laquelle ces vélos sont créés.

Chez Cyclik, le concept du Made in France est omniprésent: bambou et lin d’origine française, acier usiné localement, périphériques issus de fabrication française… La volonté de proposer un produit local et de qualité nous plaît beaucoup. Après cette présentation technique de la marque, Félix nous rassure quant à la fiabilité du Bambou et dissipe les derniers doutes des Riders quant aux possibles problèmes liés au contact du bois avec l’eau, inévitable lors des jours de pluie.

Finalement vient l’heure des mesures. Poids, taille, longueur de jambes, de bras, tout y passe ou presque. Le professionnalisme de la petite équipe est impressionnant. L’après-midi s’achève par un petit café; c’est à notre tour d’expliquer en détail le propre de notre voyage et les défis auxquels nous allons devoir faire face. Finalement, conseillés par nos hôtes, nous choisissons les périphériques qui viendront compléter au mieux nos vélos. L’heure de partir est venue, et le rendez-vous est déjà pris pour la livraison courant mai. Nous nous réjouissons d’ores et déjà de ce moment, qui marquera une nouvelle étape décisive dans les préparatifs de notre voyage.

Deuxième visite

Jeudi 27 Mai 2021, 5h30 du matin:

Maxime: Antoine, t’es levé ?

Antoine: Oui, mais je resterais bien dans mon lit 5 minutes de plus!

Maxime: On a le train dans 20 min et 3 km de vélo jusqu’à la gare, il ne faut pas trainer.

C’est le grand jour: nous nous rendons à Lyon pour aller chercher nos vélos. L’excitation est palpable: si tout se passe bien, ce soir nous troquerons l’acier pour le bambou. Malgré les quelques doutes de notre entourage concernant la fiabilité du bambou, nous sommes convaincus de notre décision et sommes impatients de tester nos montures pour la première fois. Nous occupons les deux heures de voyage en jouant aux cartes. Une fois à Lyon, nous prenons le bus. Nous ne tenons plus en place: les vélos vont-ils être au niveau de nos attentes ? Et quid de la selle ? Elle sera bien, la selle ? Et les freins, seront-ils efficaces sur un vélo chargé comme un mulet, même par temps de pluie ? Toutes ces petites questions nous taraudent l’esprit. Nous descendons enfin du bus, et nous y voilà ! 

Maxime à l’interphone devant le portail: Allô, c’est les Suisses!

Le portail s’ouvre, nous entrons. La tension est à son comble. Nous sommes accueillis par toute l’équipe, qui nous reçoit avec un grand sourire. En arrière plan, à quelques mètres de nous, nos vélos Cyclik Voyage se dévoilent devant nous. Chaque vélo est adapté à nos morphologies; celui de Maëlick, aux dimensions plus restreintes, est le plus reconnaissable de tous. Parmi les trois autres, un œil perçant saura reconnaître celui d’Antoine, qui trône fièrement quelques centimètres au-dessus des autres. On les regarde, on les palpe, de véritables bijoux!

Félix nous interpelle: “Les gars, ce sont vos vélos, vous pouvez sans autre monter dessus”

On ne se fait pas prier. En moins de deux, nous sommes tous sur notre vélo à tournoyer dans tous les sens au milieu de la cour. On dirait quatre gamins en train d’essayer leur cadeau d’anniversaire!

Finalement, la récréation est terminée; nous prenons un café et commençons la séance d’apprentissage. Au menu: démontage et remontage de pneu et chambre à air, démontage et remontage des plaquettes de freins, séance de dévoilage de jante et de maîtrise de la tension des rayons, réglage des tensions de câbles de freins et dérailleurs, démontage de patte de dérailleur, du jeu de transmission, des pédales… Nos vélos vont passer sur la table d’opération !

La journée passe à une vitesse folle, nous sommes tous très attentifs. Toute information manquée durant cette journée sera difficilement rattrapable. 

La journée s’achève. Pour rentrer, nous décidons de rejoindre la gare en vélo, pour un premier essai en conditions réelles. Avant de partir, nous demandons l’itinéraire à nos hôtes du jour:

  • Tu vas jusqu’aux feux, puis tout droit, ensuite à droite et tu suis la route jusqu’au petit pont réservé aux piétons et aux vélos. Là, tu suis le Rhône jusqu’à la grande place, puis…

Nos cerveaux sont épuisés, aucun de nous n’est capable de retenir l’itinéraire jusqu’au bout.

L’un de nous ose:

  • Mais toi, Victor, tu ne dois pas passer par la gare, par hasard?
  • Non, mais je vais aller rejoindre des amis pas trop loin de la gare. Si vous voulez, on peut faire un bout de chemin ensemble. 

Cela nous arrange bien, et nous nous laissons guider par Victor le long des routes lyonnaises. Tout le monde se réjouit de ce petit moment de route en commun. Victor nous observe sur nos nouveaux vélos. Pour lui, ce sont des heures de travail qui se concrétisent, et il peut être fier du rendu final. Pour nous, c’est la première fois que nous pédalons tous ensemble ! Ces premiers kilomètres sont donc particulièrement symboliques.

Nous profitons également de ce petit trajet pour commencer à roder les plaquettes de freins, tester la selle suspendue sur les petites rues pavées, et s’habituer à l’agilité de nos vélos dans la circulation dense de cette fin de journée. Au passage de notre mini peloton Cyclik, nous entendons les réactions que suscitent nos cadres en bambou:

  • Mais tu crois que c’est du bois ?
  • Hé t’as vu ces vélos ? On dirait du bambou !

A peine avons-nous mis le pied à terre devant la gare Part-Dieu qu’on nous interpelle:

  • C’est du bambou ? C’est léger ? Vous n’avez pas peur que ce soit un peu fragile ?

Visiblement, nous ne passons pas inaperçus et nous sommes ravis de répondre aux questions, et fiers de présenter nos nouveaux vélos. Finalement, nous faisons le voyage du retour dans la bonne humeur. Les gens que nous croisons sont tous très curieux face à ces engins inhabituels. Et c’est fatigués mais comblés que nous regagnons chacun nos domiciles aux quatre coins du canton de Vaud.

3 commentaires sur « Des vélos en bambou ? Mais pour quoi faire ? »

  1. Hello les garçons,
    Ns vs avions rencontré lors de votre passage à décathlon de Valence…et avions échange avec 2 d’entre vous.
    Simplement pour vous rappeler que je vous avais proposé lors de votre retour (dans 8/9mois ).
    La possibilité de dormir à la 🏠…. vs avez maintenant notre e-mail…Bon voyage à vous 4
    Bon voyage

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    1. Hello Michèle !
      Ca fait plaisir de voir des gens nous tendre la main spontanément – si d’aventure nous repassons par Valence d’ici quelques mois, nous n’oublierons pas de vous envoyer un petit mail 😉
      Merci pour votre gentillesse et votre spontanéité !
      Les 4 Riders

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